Les Finances solidaires : nouveau paradigme financier
Aujourd’hui les choix de développement durable, d’économie solidaire ou de commerce équitable doivent souvent trouver leurs financements hors des marchés financiers. Et cela ne concerne pas seulement les entreprises dites « de l’économie sociale et solidaire ». Pour être compétitif, les gestionnaires de l’épargne ont un taux de rentabilité imposé (15 à 20 %°). Parfois au détriment des entreprises dans lesquelles ils investissent. Ce n’est plus la rentabilité de la production qui régule la rémunération de l’épargne. Le taux de retour sur investissement à court terme s’impose. La variable d’ajustement devient couramment le facteur travail, voire l’environnement, la qualité ou la durabilité de l’entreprise. La prise de risque est transférée vers les facteurs de production.
Des décisions de financement ne visant pas uniquement le profit à court terme
De nombreuses entreprises ne peuvent prétendre à de tels rendements ou font des choix de développement qui ne sont plus compatibles avec la logique des marchés financiers. Cette situation constitue un véritable frein au développement économique d’entreprises.
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Ces dernières années ont vu l’apparition de placements et produits financiers cherchant à associer épargne et comportement citoyen. Aujourd’hui, des questions se posent quant à leur rôle et à leur poids dans le financement de projets pour une économie sociale et solidaire. Ainsi, par exemple, en voulant conjuguer des placements financiers alliant attractivité et « éthique », la finance dite « éthique » a masqué l’enjeu d‘une citoyenneté économique. Ici, l’épargnant reste un consommateur et, même si les sommes ainsi mobilisées au niveau national dépassent les 8,75 milliards d’euros en 2020, dont 3,6 milliards épargnés par des particuliers, la quasi totalité de l’épargne ainsi collectée reste investie sur les marchés financiers (sources Novéthic.fr).
Un nouveau type d'entrepreneurs : les patrons éthiques
Au final, ceux qui entreprennent restent encore les seuls à assumer les risques et les décisions d’orientation : bien moins de 1 % de cette épargne « éthique » est investie au capital d’entreprises non cotées. Une autre logique, moins visible et largement moins mobilisatrice d’épargne, est celle d’un capital risque solidaire. Il s’agit ici d’apporter aux entreprises les capitaux indispensables à leur développement au regard des enjeux qu’elles défendent. A partir du moment où le choix d’épargner « autrement » dépasse la seule stratégie marketing, il modifie considérablement les modalités de l’échange : que ce soit pour partager collectivement la propriété d’une voiture (auto partage), les aléas d’une production agricole avec un producteur (paniers paysans), le pré financement d’une commande avec un commerçant (commerce équitable) ou le lancement de son entreprise avec un ou une entrepreneuse (club d’investisseurs solidaire), il nécessite l’exercice de responsabilités nouvelles qui vont à contresens de nos habitudes d’épargnant, consommateur de produits financiers.